Les organismes de normalisation créent et maintiennent des standards techniques ouverts et s'appuient pour cela sur des volontaires travaillant dans des entreprises commerciales du secteur. Toutefois, ces personnes et leurs employeurs ne sont pas si désintéressés qu'il n'y paraît.
En premier lieu, les produit interopérables sont par nature interchangeables. Par exemple, un commutateur LAN de chez Nortel Networks peut être remplacé par un commutateur Cisco System sans que cela change quoi que ce soit pour les utilisateurs. En effet, les fonctions d'un commutateur varient peu quel que soit le fabricant.
Alors pourquoi préférer les produits d'un fabricant à ceux d'un autre ? La publicité ? la fidélité à une marque ?
Afin de créer l'avantage, les fabricants recourent à deux stratégies :
Ils commercialisent leurs produits avant la publication finale d'un standard ouvert
Ils proposent des produits conformes à un standard ouvert tout en y incluant égalemetn des fonctionnalités propriétaires
Ces deux approches valent aussi bien pour le matériel que pour les logiciels.
Le secteur des technologies informatiques a évolué de telle manière que les participants volontaires aux travaux des divers organismes de normalisation ne sont pas neutres et sont là pour faire valoir les idées de leur employeur qui n'est autre qu'un fabricant d'équipement ou de logiciels et pour soutenir, le plus souvent, une technologie que ce dernier aura déjà développé. Si cette technologie est adoptée, le fabricant aura de l'avance sur le marché par rapport à ses concurrents jusqu'à ce que ces derniers rattrapent le retard.
Cette approche favorise l'incursion de technologies propriétaires ou d'améliorations propriétaires à des technologies existantes car le fabricant peut même devancer la publication du standard. Les clients qui achètent un tel produit n'ont pas de véritable garantie quant à son interopérabilité. Anticipant sur le standard, le produit peut en être proche, mais rien n'est sûr.
Une autre approche consiste à créer des technologies propriétaires à partir de standards ouverts. Si cela semble contradictiore, sachez qu'il s'agit d'une pratique assez répandue. Une entreprise qui fait sien un standard ouvert en y ajotuant des fonctionnalités spéciales qui n'ont pas été définies dans les spécifications de celui-ci.
Le résultat est que l'interopérabilité d'un tel produit est assurée tant que vous utilisez des fonctionnalités définies dans le standard, mais peut disparaître si vous choisissez d'utiliser ses fonctionnalités propriétaires. Etant donné qu'il est difficile pour le client de savoir où le standard s'arrête et où les extensions propriétaires commencent, les problèmes posés par ces dernières sont souvent attribués à un manque de conformité avec le standard alors qu'il n'en est rien.
Le monde des technologies ouvertes est loin d'être parfait. Sa force -le développement collaboratif- est aussi sa faiblesse dans la mesure où il est difficile pour le client de s'y retrouver. En dépit de l'apparence altruiste de ces efforts collectifs, les fabricants tentés par le profit résistent parfois difficilement à la tentation d'ajouter des fonctions propriétaires sans le préciser. Le client n'a donc d'autre choix que de se tenir informé.
Prenez le temps de vous renseigner avant d'acheter un logiciel ou un équipement de réseau. Plus la technologie est récente, moins il est facile d'obtenir des informations sur les produits proposés par chaque fabricant. Le plus important, afin de faire un choix avisé, est de connaître l'état courant des standards ouverts qui guident le développement de ces produits afin de déterminer le degré de conformité de ces derniers.
En comprenant les standards et en posant les bonnes questions avant d'acheter, vous saurez si le produit qui vous intéresse peut répondre à vos attentes en matière d'interopérabilité.