On appelle signal analogique un signal qui varie de façon régulière dans le temps pour former un flot d'informations continues. Si les médias de transmission étaient parfaits, le récepteur recevrait exactement le même signal que celui émis par l'équipement source. Ce n'est malheureusement pas le cas et, dans le cas de données numériques, cette différence peut produire des erreurs.
A partir d'un signal de source numérique, il existe deux possibilités de transmission :
tranmsission en bande de base
transmission en bande large (on parle parfois de broadband)
Dans la transmission en bande de base, le signal reste numérique mais doit être codé afin de s'adapter au support. Il n'y a pas de modification de la quantité d'informations transportées par unité de temps.
Dans la transmission en bande large, le signal subit une transformation numérique-analogique que l'on appelle modulation. Cette fois la quantité d'informations numériques transportées par unité de temps est modifiable.
De même, lorsque le signal numérique doit être acheminé sur le réseau téléphonique qui est encore en partie analogique, il faut convertir le signal numérique en signal analogique qui transporte les informations numériques. Nous allons étudier de plus prêt la modulation.
Lorsque le débit de transmission est élevé et que les distances entre les utilisateurs sont grandes, le signal numérique subit une détérioration rendant sa réception impossible. On remédie à ce problème en modulant le signal numérique, opération qui revient à utiliser un signal analogique pour véhiculer l'information numérique. Pour cela, on utilise un modulateur/démodulateur ou modem dont les différents types sont normalisés par l'IUT-T.
L'opération de modulation consiste à transformer les données numériques en un signal analogique qui module une onde porteuse, la démodulation réalisant l'opération inverse. Autrement dit, l'onde analogique subit des modifications liées aux changement d'états binaires .
Précisons bien qu'il ne s'agit pas d'une numérisation du signal analogique, mais d'une association signal numérique - signal analogique réalisée par correspondance d'état ou transposition.L'intérêt de cette modulation est d'adapter le signal au support. Les principaux avantages de la modulation sont :
meilleure adaptation au support
meilleures protection contre le bruit
transmission simultanée de plusieurs signaux
La modulation utilise comme support une onde sinusoïdale de fréquence très élevée devant la fréquence du signal à moduler :
à partir de la forme de l'équation de la porteuse, trois types de modulations sont possibles :
Modulation d'amplitude, parfois appelée ASK (Amplitude Shift Keying)
Modulation de fréquence, ou FSK (Frequency Shift Keying)
Modulation de phase, ou encore PSK (Phase Shift Keying)
Certains modems combinent parfois plusieurs types de modulation.
Principe | |
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Avec une modulation donnée, l'idée de base consiste à associer un état modulé à un état logique. |
En modulation de fréquence, par exemple, on peut associer une fréquence f à l'état logique 0 et une fréquence f' à l'état logique 1. En d'autres termes, un intervalle significatif correspond à un état de modulation. En prolongeant ce raisonnement, on peut associer une séquence d'états binaires à un état de modulation donné et, dans ce cas, on augmente le débit binaire de transmission pour une modulation données.
La vitesse (ou rapidité) de modulation R, exprimée en bauds, représente le nombre d'intervalles de modulation transmis en une seconde. Cette grandeur est étroitement associée à la nature du support.
On appelle T l'intervalle significatif, lequel représente habituellement la durée d'un bit. On note Δ l'intervalle de modulation qui correspond à la durée d'un état de modulation. La définition de la vitesse de modulation se traduit par l'équation :
Considérons alors le signal numérique de la figure suivante. Il est composé de huit bits successifs : 01100101. Dans cet exemple, ce signal binaire peut être représenté par une modulation de fréquence f à 2f. A l'état 0 on associe la fréquence f à l'état 1 on associe la fréquence 2f. Cette modulation à 2 états conduit à la représentation du signal modulé en fonction du temps.
La durée de transmission du signal modulé est égale à celle du signal numérique : on dira que la vitesse de modulation est égale au débit binaire, ou encore que 1 baud = 1 bps .
Considérons maintenant le même signal numérique représenté cette fois par une modulation à 4 états. On utilisera par exemple la correspondance suivante :
état 00 : fréquence f
état 01 : fréquence 2f
état 10 : fréquence 3f
état 11 : fréquence 4f
En regroupant les valeurs binaires par paires, on obtient le signal détaillé dans le bas de la figure ci-dessus.
L'intervalle de modulation Δ est constant d'une correspondance à une autre, ce qui implique bien l'invariance de la rapidité de modulation R, puisque R = 1 / Δ. La transmission du signal modulé à 4 états dure 2 fois moins longtemps que celle du signal modulé à 2 états. On a donc multiplié par deux la vitesse de transmission du signal numérique. On a dans ce cas : 1 baud = 2 bps .
On pourrait croire, à tort, qu'il suffit de multiplier le nombre d'états associés à un type de modulation pour multiplier d'autant la vitesse de transmission. En fait, d'autres phénomènes viennent contrarier cette supposition et notamment le bruit dont l'influence augmente lorsqu'on augmente le nombre d'états correspondant à un intervalle de modulation. Nous allons avoir l'occasion de voir qu'en pratique, on est amené à utiliser un nombre d'états optimum qui augmente au maximum la vitesse de transmission tout en évitant l'effet désastreux du bruit.
Ce résultat peut se généraliser. La modulation peut utiliser 2q valeurs significatives associées à 2q états binaires. On introduit la notion de valence.
On appelle valence V du signal à transmettre, le nombre d'états significatifs servant à caractériser ce signal. On a généralement : V = 2q
Le nombre d'états significatifs est choisi de telle sorte que le débit d'informations soit conservatif. Donc le rapport du nombre de bits d'informations servant à coder un état sur la durée de cet état se conserve à travers les codages et se traduit par :
i
Finalement, on peut réécrire l'équation du débit en fonction de la valence et de la vitesse de modulation :
(A AMELIORER) La transmission par modulation est surtout utilisée quand la bande passante du canal est décalée par rapport au spectre de fréquences associé au signal à transmettre.
Considérons un canal de transmission sans bruit et susceptible de transporter un signal analogique caractérisé par une bande passante de B Hz. Nyquist a montré que sur ce type de canal, la rapidité de modulation admet une limite supérieure.
Cette limite supérieure est liée à la bande passante exprimée en hertz, par la formule suivante :
en nous aidant de cette équation, nous allons en déduire que sur un canal bruité, le débit maximum admissible est :
On voit que, pour un canal bruité, la valence s'exprime comme la racine de l'unité augmenté du rapport signal/bruit. On retombe directement sur la formule de Shannon
je vous conseille fortement, si vous n'avez plus de souvenir sur ce sujet, d'aller faire un tour dans le glossaire afin de subir un petit rappel sur les coordonnées polaires
Il s'agit ici d'une modulation de phase simple, à 2 états. A chaque code binaire (ou à chaque transition d'état), on associe une phase. Dans le cas présent, les deux phases sont 0 et ϖ φ prend les valeurs respectives 0 et ϖ
Nous allons également voir une autre modulation de phase possible. 4 états sont possibles :
Phase de 0° : état binaire 01
phase de 90 ° : état binaire 00
phase de 180 ° : état binaire 10
phase de 270 ° : état binaire 11
Connaissant la valence (4) et les valeurs respectives des phases, on trouvera le diagramme spatial suivant :
Exemple 1.7. Modulation de phase
Solution : Afin d'augmenter le débit binaire, il faut augmenter le nombre de bits associés à un état de modulation. Dans le cas d'une modulation de phase à 8 états, chaque état de modulation est codé sur 3 bits. Avec les hypothèses de l'énoncé, on obtient la correspondance suivante :
Phase de 0° : état binaire 001
Phase de 45° : état binaire 000
Phase de 90° : état binaire 010
Phase de 135° : état binaire 011
Phase de 180° : état binaire 111
Phase de 225° : état binaire 110
Phase de 270° : état binaire 100
Phase de 315° : état binaire 101
Ces huit valeurs doivent ensuite être modulées en amplitude. A chaque état de phase, on associe deux états d'amplitude :
Parfois les modems utilisent une combinaison des modulations de base. On peut citer l'exemple de la modulation MAQ qui utilise simultanément la modulation en amplitude et la modulation de phase. En fait, ce qu'il est important de retenir, c'est que le choix du type de modulation dépend principalement du type de support et du débit binaire désiré. Nous vous décrirons les différentes normes de modem un peu plus tard dans ce cours.
Exemple 1.8. Modulation MAQ16
Sur le même fil, deux porteuses en quadrature transportent simultanément des sauts de phase et d'amplitude. C'est le cas du modem V32 qui associe 4 états binaires à un double état de modulation. Pour cela, trois bits sont réservés à la modulation de phase et un bit code la modulation d'amplitude. Toutes les valeurs de phase espacées de 30° conduisent à 8 états de phase, associés à 2 états d'amplitude.
L'économie d'échelle joue un rôle important dans les orientations techniques. Or, les coûts d'installation et d'entretien d'une artère haut débit et ceux d'une ligne locale à faible débit sont équivalents. Par conséquents, les opérateurs ont développés des techniques de multiplexage qui regroupent plusieurs communications sur un même support. Ces techniques se répartissent en deux grandes catégories :
le multiplexage fréquentiel
Le multiplexage temporel
La radiodiffusion AM nous fournit des exemples de ces deux types de multiplexage. Le spectre alloué est d'environ 1 MHz, approximativement entre 500 Et 1 500 KHz. Les différentes fréquences sont réparties entre différents canaux logiques (les stations radio) qui opèrent chacun dans une partie du spectre et qui sont séparés les uns des autres par une bande de garde (ou bande de sécurité) suffisamment large pour éviter les interférences. Ce système est un exemple d'application du multiplexage fréquentiel.
Dans certains pays, une station peut fonctionner avec deux sous-canaux logiques, l'un dédié à la musique, l'autre aux annonces commerciales. Elle les exploite sur la même fréquence en alternant de façon cyclique entre une séquence de musique et une séquence de publicité. Il s'agit alors de multiplexage temporel.
Lorsqu'il est nécessaire de maintenir plusieurs liaisons de données ou canaux, entre sites distants, la diminution des coûts passe par le partage d'une ligne unique entre plusieurs liaisons. Nous vous illustrons ce principe sur le schéma suivant :
Le problème de fond est celui du débit. Plusieurs lignes à faible débit débouchent sur une ligne à haut débit. Il y a conversion apparente de débit, car en fait pour un flux d'informations donné (une liaison), le débit est constant des deux côtés du multiplexeur.
Mais pratiquement, sur une ligne entrante, le débit supporté est bien plus faible que sur la ligne sortante. De part et d'autre du multiplexeur, les débits physiques sont différents, mais le débit associé à un canal de communication est constant.
Le multiplexeur regroupe les données en provenance de plusieurs liaisons de faible capacité en un bloc de données transmis sur une liaison à forte capacité. Le démultiplexeur réaliser l'opération inverse, mais les deux organes sont souvent intégrés en un seul qui sera désigné sous le terme générique de multiplexeur.
Dans le multiplexage, il y a deux possibilités de partage de la ligne haut débit :
Multiplexage par répartition dans le temps ou TDM (Time Division Multiplexing)
Multiplexage en fréquence ou FDM (Frequency Division Multiplexing)
Le multiplexage par répartition de fréquence consiste à découper la bande passante du canal de transmission en plusieurs sous-bandes au moyen de la technique de modulation.
Ces sous-bandes sont généralement séparées par des bandes de garde pour éviter les problèmes de diaphonie. Ainsi plusieurs signaux indépendants sont transformés par modulation et filtrage en signaux appartenant à des bandes disjointes. Ces signaux sont ensuite additionnés pour former un signal composite qui est transmis sur une ligne à large bande passante. Les signaux se propagent en même temps, mais à des fréquences différentes.
Parmi les principales applications, on trouve les communications à grande distance (satellite, téléphone, radiodiffusion...) et le réseau téléphonique commuté (RTC) dans lequel le groupe de base (groupe primaire) comporte 12 bandes de 4 kHz.
Exemple 1.9. Groupe primaire
Chaque canal téléphonique possède une bande de fréquences d'environ 3kHz. Les bandes de fréquences sont décalées de 4 kHz et l'ensemble comporte 12 canaux. La séparation entre les canaux est réalisée par des bandes de 900 Hz destinées à éviter les recouvrements. Le groupe primaire possède donc 48 KHz de largeur de bande à partir de la fréquence de 60 KHz.
Dans l'hypothèse de départ, les données numériques sont fournies sous forme d'un flot permanent. Les signaux utilisent les mêmes fréquences, mais à des instants différents. Les différents canaux accèdent successivement et périodiquement au canal unique et ce, pendant des tranches de temps égales. L'élément d'information de base sera soit le bit (multiplexage par bit) soit le caractère (multiplexage par caractère).
Nous allons préciser la structure d'un multiplexage temporel sur l'exemple le plus connu, le codage MIC utilisé dans le réseau téléphonique public.
Exemple 1.10. Codage MIC
Considérons le cas du multiplexage asynchrone par caractère de type MIC (Modulation par Impulsion et Codage). On note :
D le débit de la ligne haute vitesse
di le débit des lignes basses vitesses en bits par seconde
Chaque ligne basse vitesse transmet des caractères encadrés par les bits de start et de stop. Les caractères constitués uniquemenet de l'information utile sont temporairement stockés dans des mémoires tampons, puis distribués sur le canal composite sous forme de trames multiplexées. Le canal composite résulte de la concaténation de n canaux multiples constitués par des circuits virtuels à faible débit di. Ce débit s'exprime simplement en fonction du débit D de la ligne composite :
SI l'on appelle intervalle de temps élémentaire te, le temps de transfert d'un élément de base, la période T des trames multiplexées s'écrit :
Pendant un intervalle de temps donné, li bits sont véhiculés sur la ligne haute vitesse. Les intervalle de temps de même rang possèdent même longueur. L'ensemble des caractères émis par l'ensemble des lignes multiplexées pendant la période T définit une trame de longueur L telle que :
Compte tenu de ce qui précède, la période d'apparition des caractères est identique à la période des trames, soit T.
Le débit di d'une ligne basse vitesse peut s'écrire :
Les informations de services sont appelées signalisation. Elles peuvent être insérées :
sur un canal avec les données (on parlera de signalisation dans la bande)
sur un canal séparé (signalisation hors bande)
On se placera dans le cas de la signalisation hors bande. Le premier intervalle de temps de chaque trame contient un caractère de synchronisation appelé verrouillage trame.
Sur les lignes basses vitesses, les caractères comportes l'i bits formés de li bits d'informations utiles plus les bits de start et de stop alors que, sur la ligne haute vitesse, chaque caractère ne transporte que les bits d'information utiles.
On définit l'efficacité E du multiplexeur comme suit :
Le codage MIC de base définit un ensemble de 30 lignes basse vitesse, une ligne de signalisation et une ligne de synchronisation. Les échantillons sont codés sur 8 bits à la fréquence d'échantillonnage de 8 KHz, ou avec une période T = 125 μs.
Sur chaque canal i, on trasnmet 8 bits durant 125 μs. On peut alors évaluer les grandeurs caractéristiques du multiplexage MIC :
Débit d'un canal basse vitesse : di = 8/125.10-6 = 64 Kbps
Longueur de la trame : L = 32 x 8 = 256 bits
Débit de la ligne haute vitesse : D = 32 x 64 Kbps = 2 Mbps
Durée d'un intervalle de temps : te = 125 μs / 32 = 3,9 μs
Pour l'efficacité du multiplexage, nous avons 32 termes identiques, soit :
En pratique, l'efficacité des multiplexeurs temporels par caractères ou par bit varie entre 0,8 et 0,9 tandis que celle des multiplexeurs fréquentiels, plus faible, oscille autour de 0,3.
Le multiplexage temporel présente deux inconvénients majeurs :
Pas de correction d'erreur sur la voie composite
L'allocation de tranches de temps de taille fixe induit une utilisation inefficace de la voie composite
Le multiplexage statistique constitue à cet égard une variante du multiplexage temporel. Le principe de base consiste à allouer dynamiquement des tranches de temps aux liaisons à faible débit qui sont actives à un instant donné.
En outre, il intègre un dispositif de détection et de correction d'erreurs. Le multiplexeur doit détecter les tampons utilisés, récupérer les données utiles et compresser éventuellement les données avant de les insérer sur la voie composite.
Le principal avantage du multiplexeur statistique tient dans l'optimisation de l'utilisation des canaux de telle sorte que la somme des débits de chaque voie soit supérieure au débit de la voie composite.
Note | |
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Les débits sur chaque canal peuvent être différents. |
Le débit binaire constitue le paramètre central des éléments de la transmission. Cette grandeur est fonction des caractéristiques physiques du support telles que rapport signal/bruit et bande passante et admet une limite supérieure.
Nous avons montré que le débit défini pour une transmission numérique pouvait également posséder une signification dans le cadre d'une transmission analogique par modulation. Nous avons également vu que le débit de transmission d'un canal était conservatif dans le multiplexage, alors que le débit du support physique ne l'était pas.